Au début de l’année 1926, une nouvelle radio fait des essais sur les ondes parisiennes. Elle est lancée à l’initiative des Etablissements Radio-LL, un constructeur d’émetteurs et de récepteurs de grande renommée. Car son patron n’est autre que Lucien Lévy (LL), ancien chef du laboratoire du Centre radiotélégraphique militaire, inventeur du récepteur hétérodyne. En 1920, il a monté sa propre société qui est installée au 137, rue de Javel, à l’époque un quartier industriel de Paris où l’on trouve notamment les usines Citroën. Radio-LL aura un destin parallèle à la radio montée par Fernand Vitus.
Trois fois par semaine
Radio-LL diffuse des concerts en soirée trois fois par semaine à partir d’avril 1926 et profite de la Foire de Paris du 8 au 26 mai pour se faire connaître en ajoutant deux autres concerts de 11 à 12 heures et de 15 à 18 heures. Ce qui permet d’avoir sa propre station diffusée dans ses propres récepteurs sur le stand à cette foire qui présente les équipements derniers cris aux Parisiens.
Elle diffuse avec une puissance annoncée tout d’abord de 500 watts (1 kw antenne) sur 350 mètres (857 kc). Plus tard, la station fera état d’une puissance de 250 watts. Un mât se dresse dans l’usine. Il permet de déployer jusqu’à la haute cheminée voisine l’antenne de la nouvelle station.
Le 12 novembre 1926, les auditeurs apprennent que le poste sera désormais géré par une société distincte de la fabrique d’appareils, la Compagnie Française de Radiophonie, crée un mois plus tôt par Lucien Lévy et son frère. L’annonce est réitérée le lundi 15 à l’occasion d’une soirée de gala organisée à l’occasion du centième concert de la station.
Un studio dans un recoin de l’usine
Côté technique, on pourrait croire que Radio-LL bénéficie du meilleur matériel. Mais non, c’est même plutôt l’inverse. Lucien Lévy ne lui donne que peu de moyens. Ci-dessous, l’émetteur de la station.
Le studio est dans l’usine de la rue de Javel. Il faut traverser un dédale d’ateliers, monter des escaliers pour enfin l’atteindre. Il reste une photo parue dans le Petit Parisien et une description très précise d’un journaliste de la Parole Libre: « C’est une salle étroite et longue, 3 mètres sur 8. Elle est entièrement tendue de velours bleu paon, le parquet recouvert d’un tapis gris souris. Un piano à queue qui en ferme une extrémité, une demi douzaine de chaises, une table bureau pour le speaker, la cheminée dont le marbre supporte les appareils de mesure. Au fond, sur un meuble, le micro, le long du mur, un violoncelle, une contrebasse, un modeste phono, une pendule électrique et c’est tout. Le micro électromagnétique offre l’aspect d’un cube de 25 centimètres dont la face antérieure est une étoffe plissée.«
Radio-LL déménage
Un an après sa naissance, en mars 1927, la station de la rue de Javel change de longueur de d’ondes pour 370 mètres (810 kc). A partir du 10 mai 1928, Radio-LL émet depuis un studio installé au nouveau siège social de la compagnie au 5, rue du Cirque entre le rond-point des Champs-Elysées et le Palais de l’Elysée. Ce nouvel auditorium fonctionne les lundi mercredi et vendredi, de 21 à 23 heures. Mais dès la mi-septembre, Radio-LL, peut enfin émettre tous les jours de la semaine. La station s’organise sous la houlette de Marcel Lannes. Il va, petit à petit, faire quelque chose de ce petit poste. Mais acculé financièrement, Lucien Lévy finira par trouver un acquéreur en 1935. Marcel Bleustein-Blanchet, fondateur de Publicis, rachète Radio-LL pour en faire Radio-Cité.
Soyez le premier à commenter