A la fin des années trente, la région de Nice dispose de deux stations, Radio Côte d’Azur, la plus ancienne et une nouvelle venue, Nice-PTT, qui s’annonce également comme Nice-Côte d’Azur. Pour éviter le risque de confusion, l’Etat tranche dans cette guéguerre public-privé en faveur de… Nice-PTT pardi. Un décret tombe le samedi 28 mars 1937, Radio Côte d’Azur s’appellera désormais Radio Méditerranée, ce qui devient effectif à l’antenne le mardi suivant. Cette radio émet depuis déjà dix ans à l’initiative de Pierre de Painlevé qui l’a installée au casino de Juan-Les-Pins. Elle sera longtemps connue sous le nom du Poste de Juan-les-Pins. En 1930, elle est gérée par la société Radio Côte d’Azur dans laquelle on trouve notamment des actionnaires de l’Eclaireur de Nice, l’un des principaux quotidiens locaux.
Le nouvel émetteur de Radio Côte d’Azur
Pour se développer, la station doit trouver un nouveau site d’émission. En février 1935, elle obtient l’autorisation de transférer son antenne sur le plateau Saint-Jean, dit le « plateau fleuri ». C’est au milieu des fleurs et des oliviers que Radio Côte d’Azur s’installe, à 1,5 km d’Antibes et 70 mètres d’altitude. L’antenne blanche et rouge de 135 mètres de haut ne passe pas inaperçue. C’est un pylône de 100 mètres en forme de fuseau surmonté d’un mât coulissant de 35 mètres de haut. Cet ensemble pèse tout de même cent tonnes. C’est le même modèle que celui de Radio-Budapest en Hongrie.Dans la foulée, elle décuple sa puissance. Avec 27 kw, la petite station de la Riviera rayonne beaucoup plus loin, ce qui la fera changer de longueur d’onde car elle cause des interférences importantes avec la radio de Naples.
Une déco bling-bling
Le bâtiment construit sur le site d’émission est lui aussi imposant par sa taille mais aussi par sa décoration. « Devant l’entrée se tient un grand bassin où vient se refroidir l’eau qui circule dans les divers appareils, décrit l’Eclaireur de Nice. Dans le hall des peintures sur bois et sur grosse toile du peintre Raymon accueillent le visiteur. Au fond, peintures de Nice, Cannes et Antibes ; au dessus de la salle des machines un Jupiter tonnant, symbolisant à merveille la puissance hertzienne. Au dessus de la salle d’émission, un Apollon à la lyre, au dessus du salon d’attente, une Vesta.«
On y trouve trois studios, un grand et deux petits. Il faut compter également celui de la villa Bagatelle à Juan-les-Pins qui reste en service et un autre dans les locaux de L’Eclaireur de Nice pour le radio-journal. Il y a une discothèque de dix mille titres mais elle peut en contenir le double. Mais pour quel genre de programmes ?
Les programmes de Radio-Méditerranée
Depuis le 1er septembre 1935, le nouveau directeur des programmes s’appelle Pierre Lorsay. Il a organisé une programmation par quart d’heure groupée par genre ou interprète. On y entend également beaucoup de chroniques sur des sujets divers. La compagnie du poste présente tous les lundis soirs une oeuvre théâtrale. Les plus jeunes ont « La minute des enfants » tous les jours et le jeudi, « L’heure enfantine » avec Tante Berthe. Par ailleurs, les auditeurs peuvent suivre des cours de langues, italien, anglais et esperanto. Et surtout, une fois par semaine, un programme leur est consacré qui s’intitule L’Heure des auditeurs. Bien sûr, Radio Méditerranée, comme toutes ses consoeurs privées, diffuse des programmes clef en main sponsorisés. Enfin, comme plusieurs stations du continent, elle loue du temps d’antenne à des programmes produits par l’International Broadcasting Company à l’intention des Britanniques dont la radio est sous monopole public. Au moins jusqu’au 3 septembre 1937 où l’Etat a ordonné à la station de ne plus les diffuser, tout en laissant Radio-Lyon, la rivale, le faire.
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