C’est le hasard qui a mené cette jeune femme, née en 1900 Joséphine Hombrouckx et originaire de Bruxelles, devant le micro du Poste Parisien. Lola Robert rêvait de faire du théâtre mais ça ne plaisait pas à ses parents. Installée à Paris après le décès de son mari en 1934, elle travaille pour la Paramount pour qui elle écrit les textes des documentaires qui seront lus par des speakers. Mais en posant sa voix sur les images pour bien caler le texte, les techniciens l’encouragent à aller plus loin.
« J‘ai travaillé le chant et l’art théâtral, autrefois; mais je ne suis jamais montée sur les planches. C’est le cinéma qui m’a conduite à la radio… Non, je ne voulais pas être star. Ma tâche était toute littéraire j’écrivais des scénarios. J’ai travaillé po::r la Paramount ; j’ai été la collaboratrice d’Abel Gance. Or, comme je lisais tout haut mes élucubrations afin que les intéressés en prissent connaissance, on s’est avisé de ce que j’avais une voix radiophonique cent pour cent« , déclare-t-elle au magazine féminin Nouveauté.
Une voix qui a du chic
Justement, le Poste Parisien, la radio privée la plus populaire en 1935 recherche une voix féminine. Là, elle lit quelques pages des Lettres de mon moulin et est embauchée aussitôt. Elle est au micro le soir même pour lire des annonces. Quelques temps plus tard, elle remporte le concours de la voix la plus harmonieuse de France organisé par un club féminin.
Au Poste Parisien, Lola Robert lit les infos, parle de cinéma et anime une émission pour les enfants, le jeudi à 12h15 où elle lit des contes qu’elle écrit elle-même. Sa voix plaît aux auditeurs : « Elle a du chic. Elle a surtout une très belle voix chaude sans être trop grave, souple et distinguée, qui s’anime et sait demeurer harmonieuse et fluide avec beaucoup, mais oui… de sex-appeal« , souligne TSF Tribune en 1935.
Quel est le secret de sa voix ?
« Le secret de ma voix.? Ses particularités physiologiques, voulez-vous dire ? Elle est grave, ce qui la rend agréable et supportable pendant longtemps aux auditeurs. En outre, ses vibrations sont toujours égales : elle ne fait pas de pointes, ce qui est très commode pour l’opérateur chargé de contrôler le son, et de couper les dites pointes quand il s’en produit« , explique l’animatrice du Poste Parisien aux lectrices de Nouveauté.
La voix du courrier du coeur
En janvier 1938, elle anime le lundi et le samedi le courrier du coeur à 11h30 et donne des conseils aux auditeurs qui ont des peines sentimentales. « Une formule originale, pleine de tact et de dignité, et empreinte d’une sentimentalité fort gracieuse, écrit Pierre Descaves dans Ce Soir. Servie par la voix chaude, agréable et bien-disante de son animatrice, cette émission comprend des réponses à de nombreuses lettres posant des problèmes géographiques sur la carte du tendre, des poèmes, de la musique. En bref, un ensemble qui concourt à situer dans les graphiques du cœur un climat véritablement radiophonique. La réussite de Mlle Lola Robert prouve bien que l’on peut aborder, au micro, les sujets. parfois les plus scabreux, si l’on y met une âme pure et une naturelle distinction. »
Une voix plébiscitée aussi dans la presse spécialisée comme dans Radio Magazine début 1938 : » Une voix incomparable et un esprit poétiquement alerte, au service d’un cœur généreux.. telle est, pour conclure, la définition que l’on peut donner du personnage radiophonique de Lola Robert.«
Quelques mois à Radio Paris
A la déclaration de guerre, Lola Robert continue d’animer son émission pour les enfants Les Quatre Petits Lutins ainsi que le quart d’heure du soldat. Puis arrive l’invasion allemande qui met fin aux émissions du Poste Parisien. Lola Robert écrit des articles culturels dans la presse et revient au micro sur les ondes de Radio Paris en 1943. Elle y présente durant quelques mois une émission de trois quarts d’heure en fin d’après-midi intitulée « Pour vous Mesdames ». La presse collaborationniste la dénonce comme juive ce qui vaut une mise au point du magazine de programmes de radio Les Ondes où sa véritable identité est révélée et la confusion avec Lola Kohn soulignée.
La parenthèse argentine
Après la guerre, on retrouve Lola Robert au micro de Radio Monte Carlo en 1946 et 1947. Puis, il semble que son passé à Radio Paris la rattrape. L’animatrice s’installe en Argentine. Le nouvel homme fort du pays, Juan Peron, vient de créer un service international pour la radio nationale argentine. Lola Robert est une des voix des émissions en français de SIRA (Servicio Internacional Radiofónico Argentino).
Lola Robert et Raymond Devos à RMC.
En 1953, elle reprend du service sur Radio Monte Carlo où elle anime différentes émissions jusqu’à la fin 1962. Lola Robert décède en 1966 à Monaco.
PS : on ne trouve malheureusement pas d’archives audios qui auraient pu illustrer cet article.
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