Avant guerre, il y avait en Belgique de nombreux petits postes privés à faible puissance. Parmi eux Radio Wallonia. Une station qui fut très populaire dans toute une partie du département du Nord (Avesnes, Bavay et Valenciennes) grâce à ses émissions en patois, un parler partagé des deux côtés de la frontière.
Cette station, installée dans le petit village de Veillereille-les-Brayeux – Bonne Espérance dans le Hainaut, a démarré au cours du week-end pascal en 1926. Elle naît à l’initiative d’un passionné de radio, Maurice Tricoté. Dès sa jeunesse, il bricole des récepteurs. Il est parmi les premiers radioamateurs belges. Devenu électricien, il monte en 1924 un premier émetteur durant ses loisirs et s’essaie sur ondes moyennes puis ondes courtes. Début avril 1926, à Pâques, il monte Radio Wallonia sur 201 mètres. La puissance est modeste, une centaine de watts. Mais la station devient populaire de part de d’autre de la frontière franco-belge. Elle réussit par exemple à recueillir une somme conséquente après la catastrophe minière du Fief de Lambrechies (57 morts).
Les petites postes privés doivent se partager les fréquences
A partir de 1934, Radio Wallonia doit réduire ses émissions. La convention de Lucerne fait le ménage sur la répartition des fréquences. Les petits postes privés belges doivent se partager deux longueurs d’ondes. La première proposition des autorités n’est pas tendre pour certains postes. Sur 201,07 mètres: Radio-Schaerbeek, Radio-Conférence, Radio-Châteaulineau, Radio-Binche (15 heures d’émission hebdomadaire chacune), Radio-Wallonia-Bonne-Espérance et Radio-Courtrai (7h30 d’émission par semaine). Sur 200 mètres : Radio-Wallonie (Liège), Radio-Verviers, Radio-Ottomont (Verviers), Radio-Eglise du Christ (Anvers), 15 heures par semaine et Radio-Cointe (Liège), Liège expérimental, Radio-Seraing, 7h30. Le 11 janvier, l’administration accorde une autre longueur d’ondes 267 mètres. Ce qui permet aux treize stations de trouver un accord. Dur dur pour Radio Wallonia qui émet alors une cinquantaine d’heures par semaine. Cette proposition entraîne un tollé de part et d’autre de la frontière. Une manifestation est même organisée à Mons le 19 janvier 1934.
Après quelques péripéties, les horaires bien morcelés de la petite station patoisante finiront par s’établir comme suit: chaque jour de 8h30 à 10 h, les lundi et mardi de 15h à 17h, les mercredi. vendredi et samedi de 18h à 18, le jeudi de 13h à 15h, le dimanche de 13h à 17h.
Bonjour, tout d’abord merci pour vos publications.
Au sujet de « Radio Wallonia », une petite anecdote personnelle …
Maurice Tricoté, propriétaire-directeur-animateur de Radio Wallonia émettant avant guerre depuis Vellereille-les-Brayeux. Mon père, Marcel Vansippe, y interprétait les disques demandés … au piano. Comme il aimait l’annoncer en boutade, un des airs favoris de Maurice était « Poète eyè in homme comme mi » (« Poète et Paysan » de Franz Von Suppé). Le matériel d’émission avait été confisqué en 40 par l’occupant !
Passé en visite avec mon papa après guerre, je garde le souvenir d’un gentil monsieur qui, pour m’amuser, avait enregistré ma voix d’enfant à l’improviste sur un disque pyral, l’ancêtre du magnétophone.
La maison existe toujours au 11 rue Oscar Marcq; elle a quelque peu changé d’aspect mais elle reste telle qu’alors gravée dans ma mémoire.