Si Nîmes a pu avoir sa radio locale alors que tant de villes françaises n’ont pas eu cette chance, c’est sans doute grâce au soutien de toutes les forces vives locales. L’association Radiodiffusion méridionale, crée en décembre 1926 et qui porte le projet, est présidée par le député-maire, Hubert Rouget, assisté du président de l’Union commerciale et industrielle, Pierre Chabert (directeur) et de membres du syndicat d’initiative.
Beaucoup de fées autour du berceau
Le conseil d’administration intègre une longue liste de représentants divers : Conseil général du Gard, Conseil municipal de Nîmes, Chambre de commerce, Chambre d’agriculture, Fédération des groupes commerciaux et industriels de Nîmes et du Gard, Union commerciale et industrielle, Comité républicain du commerce, de l’industrie et de l’agriculture, Syndicat d’initiative de tourisme, Association de la presse., Ecole antique, Auto-Moto Club du Gard, Société départementale de TSF, Syndicat des radioélectriciens, Aéro-Club du Gard, Syndicat des artistes musiciens, Conservatoire national de musique de Nîmes, Syndicats ouvriers, Confédération des vignerons, Société centrale d’agriculture, Syndicat agricole. Syndicat des négociants en vins en gros… Bref tout le Gard.
Une inauguration avant l’installation
Le soir 31 décembre 1927, les invités se pressent dans la salle du conseil municipal à l’hôtel de ville où un récepteur a été installé calé sur la longueur d’ondes de 240 mètres (un peu coincée entre celles des stations de Bordeaux et de Juan-les-Pins). Ils peuvent ainsi suivre cette première soirée de Radio-Nîmes qui déployé son matériel dans une autre pièce du bâtiment dont le petit émetteur de 200 watts. La maison Paoli-Carrière a prêté des disques mais le programme est essentiellement composé de discours des diverses personnalités et d’interprétations d’artistes locaux.
Au programme de cette première soirée :
1. Chanson Louis XIII et Pavane, dé Kreisler, par M. Bourrelly, professeur de violon au Conservatoire National de Musique.
2. Ariose de Benvenuto, de Diaz. M. Guigue, baryton de la Schola Cautorum.
3. Récitatif et air de Sérès, de Baesiollo, par Mm Mollion, de la Schola Cantorum.
4. Air Hongrois, de Sarasae, par M. Bourelly.
5. Chanson de Blaisine, de Séverac, par Mme Mollion.
6. Robert le Diable, Invocation des Nones, par M. Audiger, de l’Opéra.
Le piano est tenu par M. Thouyellier, compositeur, professeur au Conservatoire National de Musique.
La partie concert se termine par la chanson qui sert d’indicatif au nouveau poste: « A la Font dé Nimes », chantée par M. Guigue.
Mais tout ou presque reste à faire. Les semaines suivantes, l’équipe s’emploie à installer antenne et matériel à la Maison du Prophète, rue de la Poudrerie, un local municipal. Fin mars, le poste peut diffuser toute la semaine sauf le dimanche, en soirée, des informations locales, des causeries et de la musique. Tout en recevant, comme la plupart des radios d’initiative privée, un courrier de l’administration lui enjoignant d’arrêter d’émettre.
Un précieux sésame
Mais soulagement, en août, une lettre signée de Maurice Bokanowski, ministre du commerce et des PTT, légalise la station gardoise : « Vous avez bien voulu appeler mon attention sur la Société « La Radiodiffusion Méridionale »> Hôtel de Vite, à Nîmes. qui s’était mise en instance auprès de mon administration, en vue d’obtenir l’autorisation d’exploiter le poste de radiodiffusion rue de la Poudrière, Maison du Prophète, à Nîmes, antérieurement au 31 décembre 1927. J’ai l’honneur de vous faire connaître que le poste Radio-Nîmes, appartenant à cette Société, est compris dans la liste des postes de radiodiffusion privés dent l’exploitation vient d’être autorisée, à titre temporaire, par le décret du 7 juillet 1928 aux conditions prévues à l’article 62 de la loi de Finances du 19 Mars 1928. »
La petite radio locale nîmoise, malgré ses nombreux soutiens, vivote. Le 15 juillet 1931, Radio-Nîmes quitte les ondes faute de subsides. La station doit impérativement renouveler son matériel en bout de course. Les émissions doivent reprendre le 1er septembre mais c’est décalé d’un mois. Cette attente va se prolonger pour les sans-filistes gardois. Ce n’est que le samedi 13 août 1932 que des essais sont effectués avec un émetteur de 500 watts. Les émissions peuvent reprendre à la rentrée.
Soyez le premier à commenter