C’est une lettre anonyme postée en 1962 qui a mis fin à une belle histoire radiophonique au coeur de la Charente. Une missive qui a alerté les services de la RTF (Radiodiffusion Télévision Française). Des agents se sont alors rendus dans le village de Nanteuil-en-Vallée, 650 âmes à l’époque, « Quatre inspecteurs de la DST furent dépêchés sur les lieux où, se disant représentants de commerce, ils séjournèrent dix jours, prenant pension à l’unique hôtel de l’endroit, et ne perdant pas une mesure du disque des auditeurs qu’ils commentaient le crayon à la main, raconte Le Monde. Puis un soir, à l’heure où M. Brothier venait de lancer l’indicatif habituel, les quatre inspecteurs se présentèrent au domicile de l’animateur-technicien et posèrent des scellés sur la porte du petit studio : la Radio des vallées de Nanteuil avait cessé d’exister. »
La radio couvrait le village et ses environs
Radio Nanteuil-en-Vallée était pourtant très loin de faire trembler le monopole d’Etat sur les ondes décrété depuis la Libération. En fait, un radio-amateur de 29 ans, immobilisé après un accident de voiture, a tué le temps en bricolant un petit émetteur. Et un jour, Raymond Brothier l’a utilisé. « J’ai fait ça pour m’amuser un samedi soir, déclare-t-il à Paris-Presse. C’est un émetteur de 500 mètres de portée, quelque chose de très banal. Il ne faut aucune autorisation spéciale pour émettre avec un poste de cette portée, monté chez moi sur un châssis ordinaire. Je ne comprend pas très bien pourquoi la RTF me fait poursuivre.«
Radio Nanteuil-en-Vallée émettait deux fois par semaine pendant une heure à deux heures, le mercredi et le samedi soir sur 251 mètres en ondes moyennes (1195 khz). Et ces émissions avaient une forte popularité chez les villageois.
Nanteuil n’est pas Monte-Carlo
En mai 1962, Raymond Brothier est convoqué devant le tribunal d’Angoulême. Ce passionné de radio depuis son enfance, fût apprenti électricien à Niort avant de s’installer dans ce village en 1952, souligne le journal. Le tribunal est clément envers l’électricien radio-amateur qui n’avait pas eu le moindre avertissement avant de voir débouler des agents chez lui. Il est condamné à une amende de cent francs avec sursis et à un franc symbolique pour la RTF. A une époque où, rappelons-le, Radio-Monte-Carlo diffusait à forte puissance sans souci depuis le territoire français en violation du monopole d’Etat.
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