1941 : lancement de Radio Phnom Penh, la première radio du Cambodge

Radio Phnom Penh

C’est une histoire très peu documentée, pourtant il s’agit de le première radio du Cambodge. Le royaume est alors sous protectorat français avec à sa tête un résident supérieur, sorte d’adjoint local du gouverneur général de l’Indochine. Pendant la guerre, ce territoire reste fidèle à Vichy et doit composer avec l’armée japonaise. Début 1941, le Cambodge est attaqué par la Thaïlande. C’est dans ce contexte de forte tension avec ce voisin que née une petite station de radio. Le Cambodge n’a alors aucune station de radiodiffusion et la réception de Radio-Saïgon peut s’avérer difficile. Par ailleurs, la radio de Bangkok diffuse une propagande ultranationaliste et antifrançaise.

Sur ondes courtes

A l’initiative de la Résidence supérieure, sous le contrôle de l’IPP (Information Propagande et Presse), un poste à faible puissance, à peine un kilowatt, est installé dans la capitale cambodgienne. Radio Phnom Penh débute ses émissions le 13 septembre 1941 sur 61,14 mètres en ondes courtes (4900 khz) (on l’entendra également plus tard sur 41,29 m). Dans un premier temps, elle émet uniquement en khmer et les émissions ont lieu deux fois par semaine, le mercredi et le samedi de 18 à 19 heures. On peut faire l’hypothèse que le matériel est issu des petites radios privées de Saïgon qui ont dû arrêter d’émettre, réquisitionnées par les autorités indochinoises.

Un programme d’une heure

Les programmes de la station sont construits sur le même modèle. En voici un exemple (et un autre ci-contre) : 18 heures. Paroles du Maréchal et nouvelles. 18h10. Musique cambodgienne « Trapeang Tea ». 18h17. Sermon par un moine bouddhiste de la pagode de Botum Vathey. 18h27. Musique cambodgienne « Roeung Mae Choeung ». 18h34. La légende de Tminh Chey Bandit. 18h42. Imitations de chants d’oiseaux par le violoniste Nhuong. 18h47. Publicité pour la Loterie indochinoise. 18h48. Petites nouvelles administratives. 18h51. Démonstrations du violoniste Nhuong de la troupe de M. Aun. 18h58. Cours des céréales.

Les comptes du protectorat nous apprennent que la station était animé par une « speakerine-gérante » sans indiquer son nom.

A la recherche de programmes francophones

Les autorités cherchent à prolonger d’un quart d’heure en français mais peine à trouver des interlocuteurs. Le résident supérieur lance au printemps 1942 un appel aux maires sous forme d’une circulaire : « Je désire que chacun participe dans toute la mesure de ses moyens aux programmes de ces émissions. Chacun d’entre vous sera appelé successivement à présenter sa province au micro par une causerie de 10 ou 15 minutes. Je vous demande de préparer dès maintenant cette causerie que vous rendrez aussi vivante que possible en évitant les sèches nomenclatures et en vous efforçant de retracer la physionomie particulière de votre province, physique et morale, comme vous le feriez pour une personne vivante. Vous voudrez bien me soumettre le texte de ces causeries avant le 15 mai. Sur les indications de Radio-Phnom-Penh, et d’accord avec vous, une date sera fixée pour la lecture de votre causerie au micro, lecture qui gagnera à être faite par vous-même. « 

Par ailleurs, les services de l’IPP, s’équipent d’un camionnette surmontée d’un haut-parleur pour des tournées de propagande dans les campagnes. Théâtre, causerie et cinéma se succèdent après l’écoute de Radio Phnom Penh.

A la fin de la guerre, le bureau de l’information met en place Radio Cambodge qui devient la RNK, Radio Nationale Khmère à l’indépendance en 1953.

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