Au début des années trente, alors que la télévision commence tout juste à se perfectionner au niveau technique, les radios privées se montrent très intéressées. C’est le cas du Poste Parisien par exemple, mais aussi de Radio-Lyon. En 1935, quelques semaines avant le premier essai officiel de Radiovision-PTT, la station lyonnaise a tenté l’expérience.
Le 22 février 1935, elle réalise une démonstration dans ses studios de la rue de Marseille sous l’impulsion de son directeur Adolphe Anglade et avec l’expertise technique de Marc Chauvière. Cet ingénieur a développé un système que l’on utilise ici pour la première fois. Deux secrétaires de la station s’installent devant une caméra que ce dernier a mis au point. Elle utilise une faible quantité de lumière et n’éblouie pas la personne qui se trouve en face. Une photo d’Edouard Herriot, maire de Lyon, est aussi diffusée lors de cet essai.
Une basse définition
De l’autre côté du studio de la radio, on a placé un récepteur où les participants à cette démonstration voient une image de basse définition (34 lignes). Un récepteur simple composé d’un poste de TSF « dont le haut-parleur est remplacé par un ensemble comprenant une lampe de télévision, un disque (de Nipkow) et un moteur d’entraînement« , souligne Ouest-Eclair.
Pour les amateurs de technique, le journal Lyon Républicain apporte ces détails très abscond pour le profane : « Les caractéristiques de technique de ces émissions sont les suivantes : Images format 3×4 horizontales ; analyse en 30 lignes ; nombre de points d’images : 1 200 ; nombre d’images à la seconde : 16,6 ; vitesse de rotation du disque : 1.000 tours-minute ; synchronisme par le secteur, sur le secteur des forces ; électromotrices du Rhône ; synchronisme possible par zone phonique à la fréquence, 500. incorporé à l’image. »
Plusieurs mois d’essais hebdomadaires
L’expérience s’avère concluante et Adolphe Anglade annonce que d’autres essais vont avoir lieu.
Ils se déroulent une fois par semaine jusqu’à la fin de l’année et consistent en la diffusion d’images en mouvement composées de photos ou de caricatures de personnages. Ils ont lieu durant un quart d’heure le mardi (le vendredi durant l’été) à la coupure des programmes de l’après-midi à 16h30. Quelquefois un essai est rajouté à la fin des programmes vers 22h15. Pour l’auditeur, ces essais se traduisent par une sifflante que la fréquence de Radio-Lyon (1395 kc – 215,40 m).
Ce projet de future télévision privée à Lyon n’ira pas au-delà. Au printemps 1936, le Front populaire arrive au pouvoir et les initiatives « capitalistes » dans ce nouveau média sont priées d’être rangées au placard. La première télévision privée en France verra le jour en 1984 et encore, elle sera en très grande partie cryptée (Canal Plus).
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