En ce début d’été 1922, la radiophonie sort de sa coquille dans de nombreux pays. En France, le poste militaire de la Tour Eiffel poursuit ses expérimentations débutées en décembre 1921. Depuis le 6 février, un programme est diffusé régulièrement. Une première dans le pays. Au printemps 1922, on peut ainsi entendre tous les jours de 18h10 à 18h40, un bulletin météo, quelques infos et de la musique. De temps en temps, à l’occasion d’un gala, un concert est diffusé en soirée. Tout cela reste sous le contrôle des militaires au grand dam des PTT, qui viennent de récupérer le poste télégraphique de Lyon-La-Doua et qui annoncent se réserver le droit de mettre en place un service de radiophonie. Ce sera le cas en janvier 1923 avec la naissance du poste de l’Ecole supérieure des PTT. Côté privé, on n’est pas en reste.
La Compagnie générale de télégraphie sans-fil possède un puissant nouveau centre émetteur à Sainte-Assise près de Melun pour les liaisons télégraphiques internationales. Mais c’est aussi le lieu d’essais pour la radiotéléphonie. Le plus connu est celui du 26 novembre 1921 avec le concert donné par Yvonne Brothier. Au printemps 1922, Saint-Assise diffuse des concerts en semaine 17h30 à 18h15 mais de manière irrégulière sur 1900 mètres (158 khz – pas loin de l’ancienne fréquence ondes longues de France Inter 162 khz).
Dix-sept autorisations pour des tests
Les auditeurs encore peu nombreux de l’époque peuvent aussi entendre de manière irrégulière des essais de radiophonie avec commentaires et musique via le poste télégraphique de Lyon (vers 14 heures) ou celui de l’aéroport du Bourget (à 17h30). Par ailleurs, des entreprises privées de construction de matériel d’émission et de réception de TSF sont autorisées à titre expérimental à émettre occasionnellement sur les ondes. Le plus souvent dans le but d’effectuer des démonstrations auprès de leurs clients. En juin 1922, l’administration comptabilise dix-sept autorisations pour des tests.
Un site d’émission à Levallois-Perret
C’est aussi pour vendre ses récepteurs de marque Radiola fabriquée par la Société française radio-électrique (SFR), que cette filiale de la Compagnie générale de télégraphie sans-fil va passer à la vitesse supérieure. Son patron et fondateur, Emile Girardeau revient en février 1922 d’un voyage aux Etats-Unis. Les stations de radios essaiment chez l’oncle Sam. L’industriel français veut monter sa propre radio. Il obtient au printemps le feu vert pour des émissions expérimentales.
Une antenne est déployée au dessus des toits de la nouvelle usine de la SFR, rue Greffuhle à Levallois-Perret. Un auditorium est aménagé dans le sous-sol du 79, boulevard Hausmann à Paris, le siège de la société. C’est de là que partent les concerts expérimentaux comme celui du 25 mai à 20h30 par l’orchestre de l’Opéra comique, diffusé par l’émetteur de Levallois et relayé par haut-parleur au gala du Radio-Club dans la salle des fêtes du Trocadéro. On peut voir l’orchestre sur cette photo qui détaille cette émission expérimentale.
Après ces « émissions expérimentales », la SFR va devoir attendre quelques mois pour enfin décrocher en octobre 1922 l’autorisation d’émettre et de lancer Radiola le 6 novembre suivant.
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