« Passez-moi Élysées 57-51 »: comment faisait-on avant-guerre pour téléphoner aux radios de Paris

Tout d’abord, il fallait connaître les numéros. Les voici : Radio-Paris Elysées 57-51, Tour Eiffel Elysées 28-05, Poste Parisien de Elysées 65-94 à Elysées 65-98, PTT Littré 84-78, Radio LL Littré 89-56, Radio-Cité de Taitbout 41-05 à Taibout 41-07, Radio-Vitus Marcadet 76-91. Et il fallait avoir une bonne raison. Pour les concours, contacts avec des speakers ou des émissions, tout passait très majoritairement par le courrier. Il faut dire que les abonnés étaient encore peu nombreux.

Longtemps avant que nos téléphones portables n’affichent des numéros à dix chiffres standardisés, composer un appel tenait parfois de la géographie poétique. Dans le Paris de l’entre-deux-guerres, si vous désiriez joindre Radio-Paris par exemple, vous prononciez une adresse : Élysées 57-51.

Ce système, qui mélangeait nom de quartier et séquence numérique, est le témoignage d’une ère qui marque la transition entre l’opératrice humaine et le central automatique.

De drôles de numéros de téléphone

Un numéro comme Élysées 57-51 était la norme, surtout à Paris et dans les grandes métropoles, et il se décomposait en deux éléments clés. L’Indicatif en lettres tout d’abord. Des noms tels qu’Élysées, Anjou, Wagram, ou Littré désignaient le central téléphonique auquel l’abonné était rattaché. Ces noms correspondaient souvent au quartier. C’était un système de géolocalisation vocal !

L’indicatif était généralement limité aux trois premières lettres pour faciliter l’automatisation naissante. Puis il y avait le numéro d’abonné. Ainsi le 57-51 était le numéro d’ordre de l’abonné au sein de ce central, le plus souvent sur quatre chiffres à cette époque.

Le rôle des demoiselles du téléphone

Pour la majorité des abonnés, la procédure était entièrement manuelle. Vous décrochiez, attendiez la célèbre « demoiselle du téléphone » et lui énonciez votre requête : « Donnez-moi Élysées 57-51, s’il vous plaît. » L’opératrice, avec ses fiches et ses cordons de raccordement, connectait alors physiquement votre ligne à celle de votre correspondant.

La révolution du cadran

La grande révolution est arrivée avec la mise en place progressive des centraux automatiques. Des machines permettaient pour la première fois à l’usager de composer lui-même son numéro sans l’aide d’une opératrice.

Le numéro restait le même, mais la méthode changeait. Les nouveaux téléphones étaient équipés d’un cadran rotatif où les lettres de l’indicatif étaient superposées aux chiffres. Pour appeler Élysées 57-51, l’abonné devait composer les chiffres correspondant aux lettres E-L-Y, puis les chiffres 5-7-5-1.

Paris passe progressivement en automatique

À Paris, cette modernisation a démarré juste avant la Seconde Guerre mondiale. Le 22 septembre 1928 marque la date historique du lancement des premiers centraux automatiques de la capitale. L’emblématique central Élysées a basculé en mode automatique en 1933.

Même si l’automatisation s’est étendue dans les années 30, le réseau français est resté un mélange de systèmes manuel et automatique pendant des décennies. Il faudra attendre les années 1970 pour que le réseau national soit entièrement automatisé, faisant définitivement disparaître la poésie des indicatifs nommés.


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