A la Libération, la radio locale de l’armée américaine fait swinguer Marseille

Radio américaine Marseille

Le 28 août 1944, Marseille est libérée par l’armée française suite au débarquement allié en Provence. Avant d’entamer sa retraite, l’armée allemande a fait sauter l’antenne de Réaltor et mis le feu à la salle qui abritait l’émetteur de 120 kw. Mais l’équipe technique parvient à récupérer du matériel ici et là et Radio Marseille (400 m – 750 kc) est rapidement sur les ondes avec une puissance de 3 kw (elle sera triplée quelques semaines plus tard) trois fois dans la journée, matin, midi et soir.

L’émetteur dans une grande malle

Mais Radio Marseille n’est pas toute seule sur les ondes. Les Américains se servent du port pour acheminer hommes et matériels à leur armée qui progresse vers le nord et le Reich. Il amènent sans leur bagages leur propre station de radio locale comme ils l’avaient fait en Afrique du Nord.

Radio américaine Marseille
La cabine du studio.

Le 22 octobre 1944, AES Marseilles (American Expeditionary Station et un s à Marseille comme c’est d’usage en anglais) est sur les ondes de la cité phocéenne. Elle émet dans un premier temps de 11h à 14h15 et de 16h30 à 23h15. On la trouve sur 249 mètres (1206 kc). L’équipe est composée de GI qui ont eu souvent dans le civil une expérience de radio, en technique ou en animation. L’émetteur est contenu dans une grande malle et les disques pour les programmes en direct ainsi que des shows préenregistrés aux USA sont fournis.

AES radio Marseille

A son démarrage, on y trouve le sergent Warner Holmgren au micro. Il a déjà officié à l’antenne de la station AES de Sicile. Mais aussi un second animateur, Jarvis Doctorow, Frederick Norbeck pour la partie technique et Raymond J. Doyle pour les infos. Le tout chapeauté par le lieutenant Stanley Miller qui laisse sa place quelques semaines plus tard au lieutenant William Loveridge (photo ci-contre).

Une première station mobile près de Grenoble

AES Marseilles n’est pas la première station de l’armée américaine à émettre en France. Jarvis Doctorow raconte dans sa biographie que les deux camions qui abritaient la radio mobile de la Septième Armée a tout d’abord suivi la progression le long de la vallée du Rhône. En effet, la première émission date du 1er septembre et se fait depuis les environs de Grenoble sur 242 mètres (1240 kc) trois fois par jour (6h30-8h15, 11h-13h, 17h-22h). Jarvis Doctorow raconte qu’ensuite, on lui a demandé de revenir à Marseille participer à la mise en place d’une station. Pour la petite histoire, cet animateur sera plus tard embauché pour les programmes en anglais de la Radiodiffusion française.

Dans une chambre d’hôtel

La studio d’AES Marseilles n’est pas dans un camion. La radio est discrètement installée dans la chambre d’un hôtel de la ville. Elle se serre dans une pièce divisée en deux et une salle de bains. Les deux parties font en gros trois mètres sur quatre. La première accueille une horloge, deux micros et un piano, la seconde, séparée par une vitre, transformée en cabine technique est encombrée de micros et de disques. Enfin, dans la petite salle de bains, entre la baignoire et le lavabo, ronronne l’émetteur dans une malle en ébonite près d’un ventilateur (photo ci dessous).

On retrouve un peu plus tard dans l’équipe Leon Leaks, dans le civil animateur de WKRG à Mobile et Ed Burns, un comique. La station émet alors de 6 à 1 heures du matin avec des programmes en direct et beaucoup de shows directement arrivés des Etats-Unis. Ils sont gravés sur des disques d’une cinquantaine de centimètres de diamètre que l’on fait tourner à la vitesse de 33 tours-minute alors que les disques de l’époque sont en 78 tours.

On ne sait pas jusqu’à quelle date AES Marseilles est restée sur les ondes. Les derniers GI’s ont quitté le port en janvier 1946.

Et pour se remettre dans l’ambiance :

2 Commentaires

  1. En ce qui concerne les disques de programmes des radios américaines, entre autre ceux de l’AFRS il étaient d’un diamétre de 16 pouces (environ 40 cm et non pas 50) et effectivement tournaient à 33 tours plus précisément 33,33 tours par minute (100/3). Une face de ces disques durait environ 15 minutes (30 minutes pour les derniers qui étaient microsillons).

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