Ecoutez le « mot de passe » que la Radio Nationale à Vichy devait utiliser à l’antenne

Pétain dans le camion de reportage écoutant l'enregistrement de son discours

Durant la guerre, le Gouvernement de Vichy dispose de sa propre station, la Radiodiffusion Nationale avec des émetteurs en zone sud mais qui finit par être aussi diffusée sur la région parisienne. A Vichy, capitale de l’Etat français, elle est installée dans des chambres du Cécil Hôtel (pas trop loin du dictateur français, le Maréchal Pétain) et dans des locaux aménagés au casino de la station thermale.

Les services artistiques sont repliés surtout à Marseille, d’autres à Lyon. A Paris en 1943, La Radio Nationale compte huit adresses, dont ceux rue de Grenelle (ex Paris-PTT), rue François-Ier (ex Radio Paris Poste National), les anciens studios du poste de la Tour Eiffel, rue du Mail (l’ex salle de musique de la Maison Erard), etc. Il y a également des relais de Toulouse ou de Montpellier et des retransmission de salles de spectacle.

Une trentaine de studios sur les deux zones

« Tout cela représente au total près d’une trentaine de studios répartis dans les deux zones qui fonctionnent presque simultanément, souligne l’hebdomadaire « maison » Radio National. Il n’est pas rare qu’à quelques minutes d’intervalle se succèdent, sur la même antenne, une émission du Grand Palais de Paris (annoncée par le studio de la rue de Grenelle), un concert de Lyon, puis une émission dramatique du Marseille-Alhambra, des informations de Vichy, un autre concert de Toulouse, des disques de Marseille-Croix-de-Régnier et enfin les Variétés de Paris. Si l’on songe que chacune de ces émissions est diffusée en même temps par les huit émetteurs du réseau, on imagine quel prodigieux enchevêtrement de câbles, quelle invraisemblable multiplicité de connexions sont nécessaires pour assurer le fonctionnement normal de l’ensemble.« 

Un « poste d’aiguillage » à Lyon

Pour gérer cet éparpillement, un Centre de Modulation, installé à Lyon, fait office de poste d’aiguillage. « Pendant dix-sept heures par jour, il centralise les émissions données dans toute la France, et grâce à vingt-deux circuits téléphoniques admirablement entretenus, les réexpédie vers tous les émetteurs nationaux. » Mais comment le technicien peut savoir quand faire la manipulation ?

La Radio Nationale a un « mot de passe » qui, dès qu’il est prononcé à l’antenne, signifie qu’un programme est terminé et que l’on peut envoyer la suite. Il s’agit des mots « Etat Français, Radiodiffusion Nationale ».

On sent que ces mots ont dû en énerver plus d’un car l’hebdomadaire radio vichyste le justifie : « Ce mot de passe que vous entendez prononcer bien souvent, peut-être trop souvent à votre gré, est indispensable pour que les enchaînements s’opèrent rapidement et sans fausse manœuvre. Chaque auditeur a constaté combien les silences, même ceux qui ne dépassent pas 30 à 40 secondes, sont désagréables. Par ailleurs, une émission tronquée pour respecter l’horaire produit également une très fâcheuse impression. La Radiodiffusion Nationale a choisi une solution permettant de tenir compte de ces cas d’espèce elle effectue ses enchaînements sur contrôle.« 

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Listen to the “password” that Vichy’s Radio Nationale had to use on air

During the war, the Vichy Government operated its own radio station, Radiodiffusion Nationale, with transmitters in the southern zone — though it eventually also broadcast to the Paris region. In Vichy, the capital of the French State, it was housed in rooms at the Cécil Hôtel (not far from the French dictator, Marshal Pétain) and in facilities set up in the casino of the spa town.

The artistic departments were mostly relocated to Marseille, with others in Lyon. In Paris in 1943, Radio Nationale occupied eight different addresses, including those on rue de Grenelle (formerly Paris-PTT), rue François-Ier (formerly Radio Paris Poste National), the old studios of the Tour Eiffel station, and rue du Mail (the former music hall of Maison Erard), among others. There were also relay stations in Toulouse and Montpellier, as well as broadcasts from performance venues.

Around thirty studios across both zones

“All this represents a total of nearly thirty studios spread across both zones, operating almost simultaneously,” noted the in-house weekly Radio National. “It is not uncommon for, within a few minutes, the same network to broadcast consecutively a program from the Grand Palais in Paris (announced by the studio on rue de Grenelle), a concert from Lyon, then a drama from the Marseille-Alhambra, news from Vichy, another concert from Toulouse, records from Marseille-Croix-de-Régnier, and finally a variety show from Paris. When one considers that each of these programs is broadcast simultaneously by the eight transmitters of the network, one can imagine the prodigious tangle of cables and the unbelievable number of connections required to ensure the normal operation of the whole system.”

A “switchboard” in Lyon

To manage this dispersion, a Modulation Center was established in Lyon, serving as a kind of switchboard. “For seventeen hours a day, it centralizes programs broadcast throughout France and, thanks to twenty-two impeccably maintained telephone circuits, retransmits them to all the national transmitters.” But how did the technician know when to make the switch?

Radio Nationale had a “password” which, as soon as it was spoken on air, signaled that a program had ended and the next one could begin. The phrase was: “État Français, Radiodiffusion Nationale.”

It seems these words irritated quite a few listeners, and the Vichy radio weekly felt compelled to justify them:

“This password, which you often hear—perhaps too often for your liking—is essential to ensure that transitions take place quickly and without mistakes. Every listener has noticed how unpleasant silences can be, even those lasting only 30 to 40 seconds. Likewise, cutting off a program to stay on schedule leaves a very bad impression. Radiodiffusion Nationale has chosen a method that accounts for these particular cases: transitions are carried out under control.”

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