L’armée française fait exploser les antennes de la radio soviétique de Berlin

Le 16 décembre 1948 au matin, après avoir fait évacuer le personnel, l’armée française fait exploser les deux pylônes de 80 et 120 mètres qui portaient l’antenne de la radio berlinoise sous contrôle soviétique (Berliner Rundfunk). En tombant, ils détruisent également une bonne partie du matériel d’émission. A 10h45, la station est silencieuse. Hasard du découpage de Berlin en quatre zones d’occupation (américaine, anglaise, française et soviétique), ces antennes se trouvaient dans le secteur français.

Et depuis juin 1948, la partie occidentale de l’ex-capitale du Reich est soumise à un blocus de la part des soviétiques. Cette partie de la ville est donc ravitaillée par un pont aérien.

Radio Berlin 1948

Pour accueillir les nombreux avions, il faut d’autres pistes. Les Français ont aménagé un aéroport à Tegel dans leur secteur. Mais les pylônes de Radio-Berlin situés sur un des côtés de la piste rendent dangereux les 250 mouvements de skymasters, les avions cargos ravitailleurs de Berlin-Ouest. Un radar récemment installé permet la navigation aérienne sans visibilité L’armée française annonce avoir prévenu les Soviétiques de cette action un mois plus tôt. Mais dans cette période de très forte tension entre les deux blocs, ce dynamitage est aussi à mettre au crédit de la guerre psychologique. Car les Russes se retrouvent sans leur principal instrument de propagande. Brièvement. Un émetteur de secours a été installé côté Est à Postdam et les émissions peuvent reprendre le soir même à 22 heures mais avec 15 kw. Il faudra attendre fin mars pour que Radio-Berlin retrouve une puissance de 100 kw.

Le siège des studios

Mais si les antennes de la radio soviétique se trouvaient en secteur français, ses studios, quant à eux, était en plein secteur britannique. En 1952, ils abritent depuis trois ans la radio de la nouvelle République Démocratique Allemande et sont protégés par l’Armée rouge.

Radio Berlin 1952

Le 3 juin 1952 à 3h30 du matin, l’armée britannique encercle le bâtiment et autorise uniquement les sorties. Les Soviétiques ont bloqué quelques petites enclaves et la tension est remontée entre les ex-alliés. A l’intérieur de la maison de la radio (Haus Des Rundfunks), trois cents employés et vingt-cinq soldats soviétiques. Ce n’est que le 10 juin, après que la tension est retombée au sujet des enclaves que les Britanniques lèvent le siège. Mais toute personne désirant entrer dans le bâtiment doit avoir une autorisation spéciale des autorités de l’ouest.

Le 24 juillet, une camion soviétique refuse de s’arrêter au contrôle. Les Britanniques protestent puis resserrent l’étau sur le bâtiment le 3 août. Une remorque de camion bloque l’accès qui est ouvert quand tout le monde a montré patte blanche. En 1953, la RDA aménage des nouveaux studios à l’Est pour sa radio. Toutefois la situation de l’ex-maison de la radio à l’Ouest va perdurer jusqu’à l’été 1956 quand finalement le bâtiment sera évacué et rendu à la République Fédérale d’Allemagne. Il abritera Sender Freies Berlin devenue en 2003 Rundfunk Berlin-Brandenburg, la radio-télévision régionale de Berlin.

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