Radio-Limoges, un poste privé avalé par les PTT

Limoges

Nous sommes en 1926, en août la presse du Limousin se réjouit de l’arrivée prochaine sur les ondes du premier poste régional. Depuis un an, un groupe de passionnés (MM Lamoureux, Maon, Dartout, Lachaud, Masmondeix, Rivet, Goeffroy…) ont monté un émetteur d’une cinquantaine de watts dans le local d’un imprimeur du boulevard Montmailler à Limoges, au rez-de-chaussée. Quelques essais ont lieu en plaçant le pavillon d’un phonographe devant le micro. Le 20 août 1926, à 20 h 30, une première émission expérimentale a lieu grâce notamment à la société Radio-Lyre depuis des studios installés dans deux pièces d’un grenier de la caserne Beaublanc.

Lyre

Pour l’isolation phonique, les murs ont été recouvert de couvertures de l’armée. Un micro est attaché à un fil qui descend du plafond et un piano meuble ce studio. L’antenne d’émission est sise sur le toit de la caserne. « Après quelques renseignements techniques de M. Texier, le constructeur, à Paris, des appareils radio-téléphoniques du Petit Parisien, le trio Loevor d en exécuta, avec son brio habitue!, une fantaisie sur La Tosca« , rapporte la presse locale.

En direct de la caserne

beaublancAprès ces essais réussis, l’inauguration officielle de Radio-Limoges se déroule le 2 septembre depuis les studios de la caserne Beaublanc. « Deux pièces ont reçu l’aménagement nécessaire : l’une, capitonnée et hermétiquement close, possède en son centre le petit microphone devant lequel chanteurs, diseurs et musiciens font entendre voix et sons qui seront transmis par la fée Electricité dans un rayon de plus de 200 kilomètres : c’est l’auditorium. La pièce voisine renferme les divers appareils destinés à la transformation du courant électrique et à une émission, décrit la Revue Limousine. Toutes les personnalités militaires et civiles de Limoges avaient été conviées à cette inauguration, ainsi d’ailleurs que là presse. On remarquait dans l’assistance : MM. les généraux Massenet et Lavergne, M. le chef de cabinet du préfet, MM. Militon, chef de bureau du cabinet de M. le préfet ; Bonnaud, directeur de la station agronomique; Bontemps, directeur de La Revue Limousine, ainsi que des officiers et de nombreuses dames. »

Une émission très perturbée par l’orage

Un début sous de bons auspices ? Pas sûr. Car « un orage des plus violents, ..qui éclata sur la ville et dans la région, faillit compromettre l’inauguration. Elle put avoir lieu cependant, mais le mauvais temps contraria la réception du concert par les nombreux sans-filistes qui, dès 21 heures, se tenaient auprès de leurs appareils« , souligne la presse locale. En fait, le courant a dû être coupé à l’émetteur et la grande majorité de l’émission s’est faite dans le vide sans que les participants ne s’en rendent compte. Ni même la presse locale qui a publié le compte-rendu suivant : « Une courte et intéressante causerie de M. Edmond Blanc, sur « un amour, la poste et la T. S. F. », qui traita ce sujet, pour le moins original, avec la verve et le brio qu’ on lui connaît On entendit successivement MM. R. de Tourny, Jean d’Arcueil, Georges Avryl et Luc Gervais, de l’Association littéraire du Limousin, qui interprétèrent avec talent leurs meilleures œuvres. – La « Chanson du quartier », de L. Debernard et G. Avryl, obtint son succès habituel. Jean Tissou, le réputé patoisant, débita, avec l’impassibilité nécessaire a la diction des œuvres de ce genre, deux amusantes « gnorles » dont l’une, notamment, « Lou renar et lo graulo » est un amusant pastiche de La Fontaine, avec une morale savoureuse et gauloise. M. J. de Murel, un jeune. ténor de la Schola Cantorum, et M. Max Faure, notre distingué compatriote, qu’on entend chaque fois avec un plaisir nouveau, nous charmèrent ensuite par leur chant et recueillirent de justes applaudissements. Une partie musicale suivait qui nous permit d’entendre le trio qui groupe, autour de M. Van Coevorden, Mlle Betsy van Praag et M. Sizes. Pour le plus grand charme de l’assistance, ces brillants artistes exécutèrent plusieurs morceaux choisis avec goût.« 

Mais des bisbilles parmi initiateurs de Radio-Limoges plombe l’avenir du poste. D’autant plus que Jacques Trémoulet de la Radiophonie du Midi est venu proposer ses services. Et ce qui aurait pu devenir le poste privé qui manquera avant guerre aux régions centrales tombe dans l’escarcelle des PTT qui rachètent l’émetteur et le déménagent au deuxième étage du 2 bis, rue Saint-Paul. Limoges-PTT peur démarrer en juin 1927.

 

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