1948 : quand la Radiodiffusion française espérait pouvoir faire de la publicité

Après la guerre, les temps sont durs pour la Radiodiffusion française. Il faut remettre en place le réseau des émetteurs, embaucher du personnel pour faire fonctionner les chaînes de radio sous monopole d’état (Chaîne nationale, Chaîne parisienne, Paris-Inter, postes régionaux et extérieur…). Ses ressources sont fixées par le budget voté par les députés. Mais ce budget devrait être alimenté par lePub2s produits de la taxe radiophonique (l’ancêtre de la redevance).

Or une partie de ces recettes sont affectées ailleurs. Du coup, en 1948, ce budget est tellement étriqué que la Radiodiffusion française doit se serrer la ceinture. Les programmes de la Chaîne parisienne sont réduits de deux heures par jour, les émissions régionales de Bordeaux, Clermont-Ferrand, Grenoble, Limoges, Montpellier et Nancy sont supprimées et la radio renonce à couvrir en ondes courtes les Balkans et une partie de l’Amérique du Sud.Prog46-11

Pour sortir de ce contexte financier difficile, les autorités imaginent une augmentation de la taxe ou une introduction de la publicité sur les antennes, plus particulièrement sur la Chaîne parisienne et Paris-Inter (les ancêtres de France-Inter pour faire simple). Et pour gérer cette manne, on pense à la Société financière de radiodiffusion (Sofirad) dont l’Etat est le principal actionnaire. Parallèlement, la radio publique cherche à traquer ces Français qui ne déclarent pas leur poste de TSF pour éviter la taxe. Elle envisage un temps de demander aux agents d’EDF de vérifier dans les foyers s’il y a une radio ! Mais EDF refuse catégoriquement. La radiodiffusion doit se contenter des contrôleurs qui permettent certes d’augmenter les recettes de la taxe mais qui coûtent aussi très cher. Le refus de l’Etat d’autoriser la pub énerve Paul Rivet, président du Conseil supérieur de la radiodiffusion, qui menace de démissionner avant d’avaler son chapeau.

Parallèlement, cinq des anciennes stations privées, non compromises pendant la guerre mais interdites de réémettre à la Libération suite à l’établissement du monopole d’Etat, le Poste parisien, Radio-Cité, Radio-37, Radio-Ile-de-France et Radio-Normandie font une proposition originale. Rendez-nous nos autorisations d’émettre et instaurez une taxe sur nos publicités pour financer le service public, disent-elles en substance. Cette idée séduisante ne rencontre pas d’échos favorables.

Cette pub qui n’est pas de la pub

Pour boucler ses fins de mois, la radiodiffusion va multiplier les messages compensés, c’est à dire les communiqués payés par des groupements professionnels, pas par des marques. Ainsi, des éditeurs invitent le public à offrir des livres, le syndicat des mareyeurs à manger du poisson. Mais ça ne suffit pas, alors en 1950, le débat revient et l’on pense alors à patronner les émissions, à les sponsoriser comme on dit de nos jours. Sans succès. Ce débat sur l’introduction de la publicité sur les ondes publiques reviendra périodiquement, à chaque difficulté budgétaire des antennes nationales. Jusqu’à aujourd’hui…

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